Cloud computing Minitel 2.0

, par MiKaël Navarro

Dans la continuité de mon article sur les réseaux sociaux et facebook je complèterais ici mon analyse avec le phénomène du Cloud computing.

Le Cloud Computing, c’est quoi ?

Commençons par des définitions :

 « Le cloud permet d’exploiter des ressources distantes aussi bien matérielles que logicielles, afin de créer des services accessibles en ligne. »
 « L’utilisateur n’a pas à se préoccuper du fonctionnement de l’infrastructure informatique.
L’accès se fait la plupart du temps via un navigateur web. »
 « Les données et les applications ne sont donc plus stockées sur l’ordinateur local mais dans les nuages... »

Rien de révolutionnaire donc mais plutôt une évolution de notre manière de "consommer" l’informatique : l’utilisateur "consomme" et ne se préoccupe plus vraiment du "comment" (comment installer, mettre à jour, ...).

L’informatique dans les nuages est aujourd’hui une réalité et est surtout devenu accessible à tout le monde (les données restant accessibles indépendamment du support utilisé).

On pourrait, au final, comparer le cloud computing à l’utilisation de minitels ou aux terminaux des années 1980 communiquant avec un système informatique distant.

Oui mais voilà...

Dès 2008 http://www.guardian.co.uk/technolog... ou plus récemment http://www.lemonde.fr/technologies/... Richard Stallman nous avertissait déjà des dangers du cloud computing :

 A y regarder de plus près, il existe un vrai fossé entre le cloud computing et la philosophie du logiciel libre ;
 L’accès à une solution en ligne induit une forme de dépendance ;
 Autres problèmes : comment accéder à ses données en cas de problèmes techniques du prestataire ?
 Que font ces services avec nos données (ex. Dropbox) ;
 Comment récupérer ses données (penser à une éventuelle réversibilité) ? Les transférer (ex. limitation Facebook vis-à-vis Google+) ?
 En fonction de l’endroit où sont stockés les données, attention au lois en vigueur (ex. USA Patriot Act) ;
 Il faut disposer d’une connection Internet.

Quelque part, recourir à l’informatique dans les nuages, c’est accepter de perdre une partie du contrôle sur ses données.

Cloud ou pas cloud ?

Il est vrai que ces applications fournissent des fonctionnalités fort pratiques :

 Ne serait-ce pas super si une même plateforme pouvait tout faire ?
 Me notifier mes nouveaux e-mails, les récupérer, en écrire, visualiser les actualités, discuter en messagerie instantanée ?
 Comme ça serait pratique d’aller chez un ami et de retrouver ses applications préférées sans rien installer !

... mais consultez les CGU !

De plus il est admis qu’il ne faut pas mettre tous ses oeufs dans le même panier, ceci vaut également pour vos données !

Benjamin Bayart, président de FDN, au 8e RMLL http://www.fdn.fr/internet-libre-ou... dénoncait principalement la transformation de l’Internet, qui est un réseau sans centre et où l’intelligence est en périphérie, donc de chaque machine connectée au réseau, vers des services d’hébergement centralisés (Youtube, Flickr, Hotmail, ...) :

 La tendance est de revenir à des terminaux qui se contentent de se connecter à des services en ligne : c’est exactement le modèle du Minitel et des terminaux d’antan, c’est une véritable régression des usages et du réseau.
 En tant qu’utilisateur on vous vend de plus en plus de terminaux idiots qui iront se connecter à des services en ligne.

Il est cependant possible de profiter des avantages du cloud tout en le rendant acceptable il suffit de le construire sur le modèle de l’Internet : décentralisé, non hiérarchisé et massivement distribué.

Il faut favoriser l’émergence de standards, d’interopérabilité...
ex. le Free Cloud Alliance, l’Open Cloud Consortium et le Cloud Security Alliance n’hésitent pas à promouvoir l’utilisation de solutions open source.

Est-il alors possible d’imaginer un cloud plus libre ou du moins plus ouvert ?
http://www.opencloudmanifesto.org/O...

P.S. fin 2008, l’AFUL fit un début de proposition avec le Total Information Outsourcing Libre Definition pour que l’utilisateur puisse conserver les mêmes libertés qu’avec un logiciel libre. De même la notion de “service en ligne loyaux” a été rajouté dans les status de l’association.

Sortir des nuages

Ainsi dans ma quête d’indépendance numérique j’ai listé mes principaux "facteurs de dépendance" :
 GMail (la chose qui va être, selon moi, la plus difficile à abandonner) ;
 Google Reader pour mes flux RSS ;
 Google Calendar pour gérer son agenda ;
 Del.icio.us pour mes bookmarks ;
 Dropbox pour la sauvegarde / synchronisation de mes dévs ;
 et le couple Gtalk / Skype pour le chat.

A rajouter à cela :
 Netvibes pour mes flux RSS, le suivi de plusieurs boites mails et, accessoirement, le programme télé ;
 Picasa / flickr / deviantART pour organiser, retoucher et partager mes photos.

Enfin concernant le micro-blogging et les réseaux sociaux (Twitter, Facebook) : après avoir succombé à l’euphorie du moment je me suis rendu rendu compte que je n’en avais pas besoin Réseaux sociaux. Si un jour ça me revenait, je me mettrais sans doute à identi.ca et Diaspora.


GMail

Je n’ai pas encore trouvé de solution satisfaisante, la meilleur alternative me parraît :
IMAP + WebMail (http://roundcube.net/) + OfflineImap


Google Reader

Le besoin est d’avoir un lecteur en ligne pour conserver le status lu / non lu des news !

TinyTinyRSS semblait être une alternative à Netvibes / Google Reader pour lire ses flux RSS à partir de son serveur (toujours dans mon optique d’auto-hébergement).
Cependant, les défauts suivants sont apparus :
 le temps de chargement,
 l’espace pris par la base de données,
 l’installation pénible : créer sa base de données et la peupler "à la main" avec un banal fichier .sql

Aussi ai-je remplacé mon lecteur de flux RSS par une autre solution en ligne : RSS Lounge

D’autres solutions « à monter soi-même » :
 NWS un ensemble de 3 scripts PHP qui permet de gérer une liste de flux, il n’y a qu’une page (les flux sont rangés en onglets) et un back-office protégé par le serveur (.htaccess) ;
 rss2html à télécharger sur son serveur ;
 ou encore la librairie Magpierss.

Autres pistes :
 Good Noows hébergé en ligne ;
 ZenCancan affichant seulement les derniers articles de chaque site que vous suivez (zenCancan ne vous indiqueras jamais que vous n’avez pas lu un article ! C’est la partie zen de l’application) ;
 ou simplement les « live bookmarks » de FF...


del.icio.us

Après l’annoce de la fermeture du service del.ico.us, puis de son démenti par Yahoo, je profiterais bien de l’occasion pour me libérer d’un service « privé » et gérer cela sur mon propre serveur.
Heureusement, Delicious permet d’exporter la totalité des données sous forme xml !

Dans les 2 principaux candidats nous retrouvons :
 SemanticScuttle à installer sur son serveur (PHP/MySQL) propose flux RSS, tags, plugin firefox et compatibilité avec delicious et les bookmarks des browsers ;
 et Shaarli qui fonctionne sans base de données.

En généralisant l’usage de Delicious à la prise de notes nous retrouvons le service plus ou moins similaire Evernote. L’avantage de ce service est qu’il est possible d’accéder aux bookmarks depuis pratiquement n’importe quelle plateforme : online, Mac/PC, mobiles...
L’inconveniant est que c’est encore un service hébergé par un tier !

D’ou la solution ultime d’un TiddlyWiki sur clef USB ou sur son propre serveur ou partagé sur un tiddlyspot ou un TiddlySpace.

La première chos à faire est de récupérer ses bookmarks :
$ curl api.del.icio.us/v1/posts/all -u user:pass > delicious.xml

Puis de le transformer en page XHTML qui pourra être importé dans un TiddlyWiki :
$ xsltproc twdelicious.xsl delicious.xml > delicious.xhtml


Dropbox

Le sujet a déjà été abordé dans un article précédent sur les Réseaux sociaux.


Gtalk

Gtalk s’appuyant déjà sur Jabber le système de messagerie instantanée libre, reposant sur le protocole XMPP standard et ouvert, ce dernier reste complètement interropérable avec tout serveur sur ce réseau.
De même si on monte son propre serveur Jabber avec ejabberd...

Une autre solution est d’utiliser une alternative en ligne avec Jappix (basé aussi sur Jabber).


Skype

Skype est un logiciel de communication propriétaire au protocole fermé (fonctionne en mode P2P, ce qui lui permet d’être extrêmement performant et lui assure une disponibilité très élevée), ce qui pose des problèmes éthiques et notamment de sécurité.

A savoir Skype est banni des facs par la sécurité nationale et (depuis le rachat par Microsoft un brevet autorise l’espionnage de toutes vos communication par une porte dérobée et tout cela légalement !

Des alternatives libres existent comme Ekiga ou Empathy reposant sur Jabber/XMPP avec les extensions Jingle ou utilisant le protocole ouvert SIP.


Google Calendar

On retrouve simplement les solutions Sunbird ou Lightning (l’extension de Thunderbird)

Mais en y regardant de plus près, on touche ici aux solutions de collaboration.
On retrouve donc dans cette catégorie Horde et Phenix.

Dans ce domaine, il y a aussi OpenGoo (devenu Feng Office) avec une ergonomie meilleure et beaucoup plus d’options qui vont au delà de la gestion seule de son planning.
Mais Phenix est indépendent d’une entreprise et plus doux avec son serveur.

P.-S.

Voyons où j’en suis

 Moteur de recherche : j’utilise de plus en plus DuckDuckGo, Seeks. Je n’envisage pas d’installer mon propre moteur de recherche pour le moment (ex. YaCy).
 Blog : c’est bon, j’utilise DotClear / SPIP, hébergé sur mon serveur (pas d’hébergement à la Blogspot/Blogger/WordPress.com/Skyblog...).
 Proxy-web : PHProxy, sur mon serveur.
 Bookmarks : j’utilise TiddlyWiki aussi pour mes prises de notes.
 Dropbox : j’ai retenu Duplicity pour mes backups differentiels cryptés / signés.