Comment réduire notre consommation énergétique ? Comment faire pour que chaque citoyen consomme moins d’énergie ? Comment transformer notre économie pour la rendre plus économique ?
Face à la pénurie, et à l’augmentation du prix de l’énergie qui s’annonce, il nous faut nous organiser, afin de ne pas être pris au dépourvu lorsque "la bise sera venue". On peu toujours se rassurer en se disant que nous pourrons passer à « d’autres énergies vertes », mais c’est ignorer le problème du volume globale d’énergie consommée dans le monde qui ne pourra jamais être remplacée par du renouvelable comme l’a démontré Bernard Rougeaux dans son étude. Du coup, il faut s’attendre à une hausse du prix de l’énergie, dans le meilleur des cas. N’oublions pas que dans le cadre du protocole de Kyoto, la France doit diviser par 4 ses émissions de CO2, donc en gros diviser par 4 sa consommation d’énergie ( soit du -75% ! ).
Pour identifier les grands secteurs de dépense, et donc de consommation énergétique, nous pouvons regarder comment l’énergie est consommée en France.

Utilisation de l’énergie par secteur en France hors usage non énergétique (plastiques, chimie, ...) . Total env. 160 Millions de Tonnes équivalent pétrole.
Nous voyons que la répartition est assez équilibrée, 44% dans les bâtiments (chauffage/clim), 31 % dans les transport, et 23% dans l’industrie (auquel il faut rajouter le pétrole utilisé dans la chimie, plasturgie, ... . En gros nous avons 3 tiers : le logement, le transport et l’industrie. C’est donc tout notre mode de vie qu’il faut revoir ! Aucun des grands postes de dépense ne pouvant absorber la totalité de la baisse, il nous faut donc agir sur l’ensemble des leviers pour atteindre nos objectifs.
Le logement
Le logement peut être une source importante d’économie si la maison a été conçu comme une passoire (c’est à dire mal isolée, ou dessinée par un architecte qui a voulu faire du "joli" sans penser à "l’efficace".
Pour cela, plusieurs axes d’action sont possible :
– le choix du logement : un logement collectif (immeuble) dépense moins d’énergie, car les appartements se chauffent mutuellement, qu’une villa individuelle (3 fois moins d’énergie par m2 de logement).
– Une bonne isolation (toiture, murs, fenêtres), pour éviter de perdre les calories l’hiver
– un choix de chaudière performant : chaudière au gaz plutôt que fuel, chauffage par le sol basse température, chauffage au bois, pompe à chaleur, chauffages solaires pour l’eau chaude sanitaire ou le chauffage, ...
– des systèmes évitant les pertes supplémentaires de chaleur liées à la ventilation : VMC double flux récupérant la chaleur de l’air évacuée du bâtiment pour préchauffer l’air entrant, puits canadien permettant de préchauffer l’air entrant dans le bâtiment l’hiver et de le rafraichir l’été, ...
– Mettre un thermostat de chauffage pour éviter de surchauffer quand "on a une sensation de froid", baisser la température de chauffage de la maison à 19° voir 17°.
Le transport
La première économie dans le transport : c’est de ne pas le faire !. Il faut donc choisir la localisation de son logement près de son lieu de travail pour pouvoir, soit y aller à pieds (ou à vélo), soit avec les transports en commun. Il faut privilégier le logement en zone urbaine dense (si on travail en ville), et surtout fuir les banlieues pavillonnaires (même si l’on a l’illusion de plus de "confort", de vie à la campagne). Il est fortement recommander d’habiter à moins de 5 km de son (voir ses) lieux de travail(s), de vie (commerces, écoles, ...). Sinon, cela va devenir très compliquer ... de faire des économies.
Une fois que ce choix (primordial) est fait, on peu essayer de gratter quelques économies :
– choisir les transport en commun le plus souvent possible
– choisir le train et éviter l’avion (voir ne plus le prendre).
– prendre le vélo ou aller à pieds le plus souvent possible
– vendre sa voiture (ce qui fait faire de grosses économies)
Pour les problèmes de transport, un petit appartement en ville, est préférable à une grande maison avec jardin à la campagne (si l’on travail en ville).
L’industrie
L’industrie consomme également beaucoup d’énergie. En partie pour faire tourner des machines qui ont remplacée le travail humain, souvent pénible, mais également plus cher que le litre d’essence ou le kW/h électrique qui fait tourner l’esclave mécanique. La pénurie énergétique et le renchérissement de son prix va obliger ce secteur à changer pour retrouver une partie de la main d’oeuvre qu’elle avait supprimée grâce à l’énergie abondante et bon marché. C’est une bonne nouvelle pour l’emploi (même si l’emploie créé ne sera pas marrant).
Certains secteurs de l’économie sont voué à la régression du fait de la hausse des prix car ils ne seront plus compétitifs face à d’autres "industries".
– le transport aérien va se réduire fortement du fait de la hausse du pétrole (on l’a déjà vu en 2008, cela continue avec la crise). Les compagnies aériennes vont diminuer en taille et en nombre. Le transport en avion va redevenir un luxe réserver aux plus riches de la société. Idem pour les constructeurs d’avions et services associés.
– la chimie utilise beaucoup de pétrole, elle va pouvoir se transformer en utilisant et transformant du charbon (plus abondant), pour faire du pétrole (processus de liquéfaction du charbon), et utiliser cet essence de synthèse pour ses travaux, mais le cout des produits fabriqués va fortement augmenter. Cela rendra plus compétitif les produits équivalent issus de l’agriculture, ou du recyclage.
– l’automobile va également diminuer progressivement car le prix élevé du carburant va être un obstacle a son développement. Les constructeurs seront appelés à fabriquer des petites voitures consommant 2 à 3 litres au 100km (ce qu’ils sauraient faire aujourd’hui), mais qu’ils se refusent, préférant fabriquer des 4x4 (cher) que des 2CV (pas très "class", bien qu’économique !). Les voitures électriques, à air comprimé, agro-carburant, etc ... ne remplaceront jamais en quantité la taille du parc actuel de voiture essence/diesel (problème de cout de l’énergie et d’abondance). Le transport routier par camion va lui aussi voir son prix monter, et il va être de plus en plus concurrencé par le train et le bateau. Son volume devrait diminuer.
– l’industrie touristique, qui s’appuie sur une mobilité accrue (avion) et un fort pouvoir d’achat de ses clients va régresser car il deviendra trop cher pour ses client de prendre l’avion pour des destinations lointaines. Les petits paradis exotiques pour touristes vont se réorganiser dans une activité locale et traditionnelle. Même en France, l’industrie du tourisme devrait diminuer, face aux baisses budgétaire de ses clients.
– Les immeubles de bureau mal conçus, énergivore devront être rénovés (pour qu’ils consomment moins d’énergie) voir rasés.
D’autres secteurs vont évoluer voir augmenter :
– L’agriculture va devoir engager plus de personnel pour palier aux défauts d’énergie pour faire tourner les gros tracteurs. Certaines terres agricoles de petites surfaces (montagnes), devront probablement être reprises pour augmenter la production. Cela demandera de la main d’oeuvre, et permettra le reclassement des salariés des secteurs sinistrés.
– le BTP devra faire moins de routes et d’autoroute pour faire plus de transport en commun (on peut le souhaiter).
– la rénovation des bâtiments (meilleur isolation, économies d’énergie) va employer beaucoup de main d’oeuvre locale.
– les réparateurs de télé et d’appareils en tous genre vont réapparaitre, car le rachat de neuf va devenir très cher. Il faudra faire durer l’existant. Donc réparer. Ce sont des emplois locaux.
– une partie des industries délocalisées (textile, fabrication, ...) va devoir se reconstruire localement car les frais de transport internationaux vont exploser, produire local et vendre localement va redevenir compétitif face à la production off-shore dans les pays à bas-couts.
Mais aussi ...
D’autres secteurs de notre vie courante sont sujet à économie :
– l’électricité dans nos maison
– les loisirs
– l’alimentation
La consommation électrique continue de croitre en France de 2% par an. Nous pouvons réduire notre consommation par certains gestes simple :
– éteindre le plus souvent possible nos lampes et éclairage
– ne pas laisser sur le mode "veille" les appareils électriques : les éteindre vraiment
– désactiver le Wifi de la freebox si on ne l’utilise pas (ou peu)
– remplacer les ampoules à incandescence par des ampoules basse consommation
– remplacer notre électro-ménager par des appareils consommant peu (classe A)
– réduire le nombre d’appareils électrique dans la maison (supprimer la télé, les robots ménager, volets électriques, ordinateur, .... )
– débrancher les chargeurs de portable et autres si rien n’est en charge.
Nos loisirs doivent être revu : moins de vacances à l’étranger, plus de séjours près de chez nous, accessible en train, voir en vélo (circuit à vélo sur les routes de France). Des séjours plus longs et moins nombreux (supprimer les weekend à New-York). Cela afin de réduire le poste des transport (avion, voiture), dont le prix va monter. Nous pouvons en profiter pour faire moins de consommation de masse (weekend ski, vacances à la plage, ...), et plus de convivialité (séjours en famille, avec des amis, ...).
L’alimentation humaine est une source importante de consommation énergétique et donc de pollution par gaz à effet de serre. La consommation de viande et de poisson (certes indispensable dans une certaine mesure) consomme beaucoup de pétrole car :
– il faut de plus en plus de gazole pour pêcher le poisson de plus en plus loin (les stocks de poisson ont été divisés par 10 dans l’atlantique dû à la sur-pêche).
– il faut produire beaucoup de maïs, soja, blé et autres compléments alimentaire pour nourrir le bétail que nous allons manger (ou le le lait qu’ils vont produire). Or ces productions agricoles demandent des engrais, qui eux-même demandent beaucoup de pétrole pour leur fabrication. Puis il y a le transport des productions agricole et du bétail qui consomment à nouveau du pétrole.

Pollution par gaz à effet de serre (et consommation de pétrole) associée aux différents aliments. Nous voyons qu’en moyenne il y a
plus de 1 kg de pétrole consommé pour produire 1 kg de poisson ou 1 kg de viande rouge. Cela monte à plus de 2 pour le veau. Il va falloir décaler notre alimentation vers la gauche du graphique pour consommer, et polluer moins.
A l’avenir, il va nous valoir privilégier une alimentation peu énergivore (vers la gauche du graphique) et réduire les aliments demandant beaucoup d’énergie (situés plutôt sur la droite). Les prix de la viande et du poisson n’ont pas finis de monter.
Conclusion
Les secteurs d’action ne manquent pas, il nous faut agir dès aujourd’hui pour être près le jour où le prix de l’énergie montera. Sinon, nous devrons en même temps payer une énergie cher, et investir (donc dépenser) pour consommer moins. Cela risque d’être un cruel dilemme que d’avoir à choisir entre "manger", et "se chauffer".