A qui peut-on faire confiance en matière de climat, d’environnement ? Faire la différence entre les savants et les charlatants.

, par MiKaël Navarro

Tout le monde parle du changement climatique de nombreux scientifique tirent la sonnette d’alarme, pourtant quelques uns le conteste et parlent de manipulation, de complot. Qui croire ?
La presse nous montre régulièrement des articles tantôt alarmiste tantôt déniant le changement climatique et la responsabilité humaine. Qui dit vrai ?

Des scientifiques disent que le climat change, que nous allons vers de grave problèmes, mais d’autres disent que cela est faux, que ce n’est qu’une « conspiration mondiale de quelques chercheurs qui ne visent qu’a avoir plus de subventions ».
Qui croire ?
Bonne question.
En matière de climat planétaire, il n’y a aucun scientifique qui soit « climatologue » c’est-à-dire spécialiste du climat. Il existe une multitude de disciplines très pointues ayant toutes un rapport avec le climat sur notre planète. Toutes ces disciplines sont administrées par des scientifiques différents qui doivent partager leurs connaissances, mettre en corrélation leurs résultats pour pouvoir évaluer de quelle façon le climat à changé, et comment il peut évoluer.
Pour cerner le comportement du climat, il faut une multitude de disciplines scientifiques :
 Astrophysiciens pour connaitre l’énergie solaire reçue par la Terre
 Océanographes pour connaitre la dynamique de l’océan,
 Glaciologues qui étudient les calottes polaires, les paléoclimats,
 Vulcanologues qui étudient les volcans, leur activité, leurs émissions dans l’atmosphère,
 Géophysiciens qui peuvent modéliser la dérive des continents,
 Bio-géochimistes pour connaitre le cycle des éléments (N, C, P, O…) dans l’aire, les paléoclimats
 Biologistes pour l’étude de la végétation (actuelle, passée et future),
 Dynamiciens de l’atmosphère pour modéliser les échanges gazeux entre les surfaces (terre, mers), l’atmosphère et l’espace
 Chimistes de l’atmosphère (aérologues) pour connaitre la composition de l’air
 Sans parler de toutes les sciences humaines, puisque l’homme est devenu un agent climatique….

Ce n’est donc pas UN scientifique qui peut maitriser toute les disciplines (et contester les déclarations de tous les autres) mais un ensemble de scientifiques.
Ensuite se pose le problème de la compétence du scientifique dans son domaine. Cette compétence est mesurée très facilement par le nombre d’articles scientifique qu’il a publié dans des revues scientifique disposant d’un comité de relecture.
Ce n’est pas le nombre d’article ou d’interview parues dans un journal people, ou même un journal national sérieux, voir même les passages à la télé au 20h qui font la qualité scientifique d’un chercheur. Mais bien les articles qu’il a publié dans des revues scientifiques destinées à des savants de son niveau, après que ces déclarations aient été vérifiée (on dirait recoupé en langage policier) par d’autres scientifiques de sa branche (vérification des formules de calcule, répétitions des expériences décrites).
Le but de ces contrôles n’est pas de faire un censure sur des chercheurs « qui dérangent » mais d’éviter la publication de données fausses ou fantaisistes (la terre est plate, 8x7 = 32).
Un savant (ou assimilé comme tel) qui n’a jamais publié dans de tels revues, ou dans des domaines n’ayant pas de rapport avec le climat n’a donc pas autorité pour contester les déclarations des autres scientifiques (il a le droit de le faire, mais il n’en a pas la compétence).
Vous pouvez demander à votre boulanger, à la femme de votre boucher, ou à votre coiffer la cause du bruit dans le moteur de votre voiture, ils peuvent vous donner la bonne réponse, ce n’est pas exclue, mais le plus fiable, ce sera tout de même votre garagiste.

A ce sujet je vous renvois vers deux pages de JM Jancovici qui démonte les accusations de deux « scientifiques » concernant les "mensonges sur l’effet de serre" :
Critique du live « Effet de serre le grand Mensonge » de Mr Fouçans http://www.manicore.com/documentation/serre/ouvrages/mensonge.html
Critique du live « l’écologiste septique » de M. Lomborg
http://www.manicore.com/documentation/serre/ouvrages/skeptical.html

Enfin, notre Claude Alègre national, n’a aucune compétence scientifique pour contester le réchauffement climatique, ce qui n’empêche pas de le faire très bien à la télé. (voir une critique de son livre)

Le GIEC (groupe international d’étude du climat) est un regroupement d’un grand nombre de chercheurs dans le monde, sur toutes les disciplines scientifiques liées à l’étude du climat. Leurs publications sont la synthèse de tous les articles scientifiques parus dans le monde dans des revues scientifiques à comité de lecture (et uniquement les articles scientifiques à comités de lecture). C’est la synthèse de dizaines de milliers d’articles. Cette synthèse est importante (800 pages), et résume des dizaines de milliers de pages. La synthèse contient de nombreuses nuances et exprime les incertitudes des scientifiques sur certains points. Il existe un rapport en version résumé que je vous invite à lire (à défaut du gros). Il ne fait que 37 pages.
Pour les scientifiques, il n’y a aucun doute, le climat change, l’homme en est la cause (principale) et c’est grave.

On peut toujours plaider la conspiration mondiale, accuser les chercheurs de crier "au feu" pour avoir des subventions supplémentaires. Le syndrome du complot a encore de beaux jours devant lui !
Mais doit-on accuser un médecin qui, croisant une personne qui fume 3 paquets de cigarettes par jour, lui recommande d’arrêter de fumer car il risque le cancer du poumon ? De même un garagiste qui verrait passer un automobiliste qui roulerait avec un pneu crevé ou sous-gonflé et l’inviterait à le changer ou réparer rapidement ne peut être taxé d’égoïste cherchant à gonfler son chiffre d’affaire. C’est bien par soucis pour leur santé et la vie des autres humains que ces professionnels vont s’inquiéter et les inviter à changer ! Par soucis pour eux ou pour les autres (les autres automobilistes, l’enfant de la femme enceinte qui fume, l’entourage du fumeur). C’est la motivation, je crois, de ces chercheurs, parents de jeunes, ou moins jeunes, enfants, qui s’inquiètant de leur avenir et de celui de leurs amis annonce haut et fort au monde les problèmes qui nous attendent.

Ce n’est donc pas la fréquence du passage à la télévision, ou la pile d’articles dans les journaux ou tabloïd qui fait la qualité d’un scientifique. Ne nous laissons pas abuser.
Mais, d’un autre coté, quand nous lisons le rapport du GIEC, attention à ne pas confondre conditionnels et futurs simples : tout ce qui est possible n’arrivera pas nécessairement. Ce n’est pas parce qu’une des menaces annoncées n’est pas encore arrivée, que toutes les annonces sont fausses. Et inversement, nous ne sommes pas à l’abri de tout ce qui n’a pas encore été "vu" par les scientifiques.

Il ne faut pas confondre « ignorance » et « garantie qu’il ne se assera rien » ! L’ignorance n’est pas une police d’assurance !