Avons-nous déjà dépassé le pic de Hubbert ? La production mondiale de pétrole va-t-elle continuer à baisser ?

, par Gilbert Fernandes

Le pic de production de pétrole a été annoncé par les professionnels (compagnies pétrolières, ASPO), depuis plusieurs années pour se produire dans les toutes prochaines années (entre 2012 et 2020). Or, depuis juillet 2008, et le record historique de 150$ par baril de pétrole, la consommation (et la production) mondiale de pétrole diminue du fait de la crise.
Déjà en janvier 2009, certains analystes annonçaient que le pic venait probablement d’être passé.

Production pétrole jan 2009
Production mondiale de pétrole en Janvier 2009

Les statistiques de la consommation de pétrole par les pays de l’OCDE (pays riches) indiquent pour janvier 2009 une baisse de 1,2% par rapport au mois précédent. La baisse se poursuit donc. Bien sûr cette baisse est liée à une diminution de la demande, pas de l’offre.

Mais il est surprenant de voir que malgré la baisse de la consommation mondiale que le cours du pétrole a tendance à remonter depuis janvier 2009 où il avait atteint son point bas (35$). Aujourd’hui le baril tourne autour des 50$ contre une moyenne de 40 $ les mois précédemment.

Cours du pétrole au 1° trimestre 2009
Cours du pétrole à New York au 1° trimestre 2009

Cours du baril de pétrole sur les 6 derniers mois, et moyenne mobile. Source Boursorama

Cela semble indiquer soit
 une tension entre l’offre et la demande, l’offre s’étant mis à baisser plus vite que la demande.
 soit que depuis janvier, la consommation mondiale s’est mise à remonter légèrement (mais il faudra attendre les chiffres officiels pour en être sûr).

Dans les deux cas, la hausse des prix indique que l’écart entre l’offre et la demande diminue.

Même l’AIE, qui avait toujours niée jusqu’ici la possibilité d’une pénurie énergétique a annoncée dans son rapport 2008 que les baisses de productions des gisements les plus anciens vont osciller entre 5 et 8 % chaque année. Cette baisse est pour l’instant compensée par la mise en production de nouveaux gisements, mais cela ne va pas pouvoir durer longtemps. Or si la baisse de la production devient supérieur à la baisse de la consommation (causée par la crise ou autre chose), alors nous allons revenir dans un scénario de pénurie de ressource entrainant une hausse des prix du baril (comme en 2006-2008), ce qui entrainera mécaniquement une nouvelle crise économique (mêmes causes, mêmes effets).

Mais paradoxalement, le pétrole pas cher a bloqué tous les investissements dans les nouveaux gisements, plus difficiles que ceux en exploitation aujourd’hui. Du coup, la baisse de production risque de survenir plus rapidement que prévue (du fait de l’absence de mise en production des nouveaux gisements).

Nous avons déjà connu une crise économique au début des années 80 (causée par les chocs pétroliers de 73 et 79), qui a entrainée une baisse mondiale de la consommation de 4 à 5 %. Mais après quelques années, la consommation est repartie de plus belles, et a battu ses records ... car il y avait assez de pétrole à pomper. Va-t-on d’ici deux ou trois ans battre le record de juillet 2008 ? ce n’est pas certain, et il faut attendre pour en être sûr. Tout comme le pic de pétrole des USA n’a été prouvé que 10 ans après sa survenu (pic en décembre 1970), nous ne saurons exactement la date du pic de production que dans 10 ou 15 ans, après l’avoir passé, et bien passé.
Cette date symbolique est néanmoins proche, dans 10 ans tout au plus : tous les professionnels du secteur pétrolier sont unanimes là-dessus (que ce soit les grandes compagnies pétrolières, comme les géologues pétrolier à la retraite qui n’ont, pour ces dernier, rien à gagner à prédire un pétrole rare et cher : ils sont à la retraite).

C’est pourquoi il nous faut agir dès aujourd’hui pour économiser cette ressource précieuse et non renouvelable. Car si nous parvenons à maintenir un taux de baisse de la consommation de pétrole supérieur ou égale à la baisse de la production, alors :
 le cours du pétrole restera bas
 notre économie, et nos modes de vie seront adaptés à la vie sans pétrole (peut-être avec d’autres énergies, voir sans énergie) le jour où le pétrole se fera très rare. Il n’y aura donc pas de crise de "manque de pétrole".

Sinon, nous serons confronté à un double problème :
 un pétrole de plus en plus rare et chère causant des ravages dans notre économie (crise éco, pénuries, pauvreté, ...)
 la nécessité de modifier notre économie (entreprises, infrastructures, transports, logements), sans disposer de l’énergie ni de l’argent pour le faire.

La solution est entre nos main, et c’est maintenant qu’il faut agir ! Attendre ne fera qu’empirer la situation.