Nous y voila : c’est le début du pétrole cher ! Avec le pic de pétrole, arrive la fin de l’énergie bon marché

, par Gilbert Fernandes

La forte chute du prix du baril fin 2008 a pus nous faire croire que tout aller recommencer comme avant (essence à 1,2 E le litre et gazole à moins de 1 E), et cela, même après la "futur reprise économique".

Or, les mêmes causes donnant les mêmes effets, nous allons voir remonter durablement les prix du pétrole (qui servent d’indice au gaz et au charbon, et donc à l’électricité qui est majoritairement fabriquée à partir de ces énergies).
Au cours des 6 premiers mois de 2009, nous avons vu le prix du baril de pétrole doubler (il est passé de 35 $ à 70 $), et atteindre, en juin 2009, le cours du pétrole de juillet 2007 (1 an avant le crach). Certes, si la spéculation boursière n’était, peut-être pas totalement étrangère, aux montants atteins par le baril en 2008, une autre cause plus profonde et plus grave était majoritairement présente : l’offre mondiale de pétrole n’arrivait plus à satisfaire la demande.
Or, typiquement, dans un système capitaliste, quand l’offre ne satisfait plus la demande ... les prix montent. C’est ce qui est arrivé en 2008. Puis, avec la crise, la demande s’est effondrée, et donc ... les prix aussi.
Mais comme l’offre mondiale de pétrole a tendance à doucement diminuer (du fait de la baisse des capacités de production d’un nombre toujours plus grand de gisements), cette tension offre-demande va se reproduire, et le phénomène de hausse va repartir en boucle. Jusqu’à ce que le tarif prohibitif du produit finisse par décourager une partie des clients (diminuant alors la demande).

Voici une étude intéressante menée par un chercheur américain et publiée en mai 2009 (il y a 2 mois donc), qui met en parallèle la demande mondiale de pétrole et l’offre mondiale (ainsi que les prévisions à venir). A partir de l’offre et de la demande, le chercheur calcul un prix pour le futur baril. (En rouge l’offre, en noir la demande, et en vert le prix)

demande et prix du pétrole
courbe de la demande mondiale de pétrole et prévisions jusqu’en 2012 de l’offre et du prix

Pour plus de détails je vous renvois vers l’article (en anglais, mais riche en graphiques) sur son site :
Etat de la production mondiale de pétrole en mai 2009 (site Oil Drum)

Notons que les prévisions pour les 2 derniers mois semblent assez exacte comme l’indique la courbe du cours du baril à New-York en juillet.

Tarif du pétrole en Juillet 2009
Cours du pétrole sur 1 an à la bourse de New York

Après une courte baisse cet été, le tarif devrait reprendre la hausse cet hiver (la demande est toujours plus forte l’hiver pour cause de chauffage), et poursuivre les années suivantes .... jusqu’à ? ... la prochaine chute causée par un nouveau clash économique ? Nous verrons.

Le tarif du gaz étant indexé sur le pétrole, son prix devrait lui aussi recommencer à monter (après une courte baisse cette année).

Le tarif de l’électricité est indirectement basé sur celui du pétrole car, étant fabriquée au 2/3 (au niveau mondiale) par du charbon, gaz et pétrole (voir L’électricité et l’hydrogène sont-elles des énergies propres ?). Lorsque ces matières premières montent, le prix du kW/h électrique aussi. Or il semblerait que le prix de vente EDF soit 30% plus bas que le prix moyen du marché en Europe. Il faut donc s’attendre à une montée du prix en France, ne serait-ce que pour s’aligner au tarif de nos voisins (sinon il sera plus rentable à EDF de vendre à l’étranger plutôt qu’en France, et pourquoi vendrait-il alors en France ?).
Or le tarif conventionné dépend de l’Etat, donc des politiques élus, (et qui voudraient bien être réélus la prochaine fois), il est donc peut probable (compte tenu les prochaines élections de 2012) qu’une hausse brutale ait lieu d’ici là. Mais après les élections ?

Reste la taxe Carbone que le gouvernement pense mettre en place (et le fera-t-il ? Quand ?). Son but est d’augmenter progressivement le prix de l’énergie fossile pour rendre rentable les investissements d’économie d’énergie, et l’usage des énergies renouvelables.

Tout cela nous assure que le prix de l’énergie n’a pas finit de monter !

Mais n’oublions pas que sur un baril de pétrole à 60 $ comme 140 $, seul 10 à 20 $ servent à financer son extraction (payer les coûts de main d’oeuvre et les investissements), le reste (soit 70 à 90% du prix) va dans les poches des opérateurs pétroliers, de leurs actionnaires, et surtout des états pétroliers (Arabie Saoudite, Russie, Vénézuela, ...).
Seul le montant des taxes (TIPP, TVA, taxe carbone) retourne au gouvernement français et permet de financer nos dépenses en France.
Donc quit à payer plus cher l’essence, à nous de choisir entre
 l’augmentation du prix du baril (car la demande est trop forte)
 l’augmentation des taxes sur l’essence (taxe carbone ....)

Veut-on plus d’argent dans les caisses de l’Etat Français ? ou dans les poches des Etats pétroliers ?

Augmenter le prix de l’énergie par des taxes réduira notre consommation, et donc le prix d’achat du pétrole. Réduire (ou ne pas augmenter) les taxe augmentera la consommation, donc la pression sur la production, et au final, le prix d’achat du baril (et le prix à la pompe). Plus de taxe c’est plus d’argent pour l’état français, moins de taxe c’est plus d’argent pour les pays pétrolier et les compagnies pétrolières. Mais dans les 2 cas : le prix à la pompe augmente, et c’est le consommateur français qui paye.

A nous de choisir à qui nous voulons donner notre argent !